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Pour cheminer à travers cet océan de buissons, nous suivions le  sillage énergique de Yarek qui marchait loin devant. Il ne nous attendait pas. Soudain nous nous immobilisâmes, paralysés par d’insupportables odeurs de putréfaction. Envahissant l’environnement avec ténacité, l’espace entier parut soudain nous étouffer. Mes assistants continuaient de vomir, faiblissant à vue d’œil. L’un d’eux se trouva du reste assez mal et s’évanouit. Je lui portai secours un instant, tentant de lui transmettre le peu d’énergie qui me restait. Puis lentement je me levai et suivis les trainées nauséabondes qui parlaient de morts récentes. Derrière un amas de broussailles impénétrables, je découvris des dizaines de corps démembrés et défigurés, amoncelés au fond d’une fosse profonde. Une sauvagerie d’une cruauté sans égal s’était abattue sur ce peuple étranger à la peau sombre, ternie par la mort. Leurs costumes à plumes déchirés étaient jonchés de tâches de sang séché. J’observai des traces de griffes sur tout leur corps. Elles avaient été infligées par le clan de Yarek à ces guerriers. En guise d’armes, ils utilisaient des pattes de félin dont ils habillaient leurs mains pour se battre au corps à corps. Malgré ce spectacle atroce, je sus à cet instant précis que tout était légitime. Il n’était pas question d’injustice ou d’horreur malsaine. Non, c’était juste. Des forces étaient actives en ce lieu, dans ce tombeau. Des forces qui agissaient encore. Je le quittai immédiatement car Yarek me l’ordonna pour ma propre sécurité. Bien-sûr, nous n’avions pas emprunté ce passage par hasard. Je devais voir cela. Sans équivoque, il s’agissait bien de ma première leçon.

A mesure que nous avancions, l’atmosphère des lieux s’épaississait, s’emplissant d’une humidité putride et visqueuse. Comme il était désagréable de marcher parmi ces arbres suintant toute sorte de liquides rebutants qui, je l’observai néanmoins, demeuraient des sources de vie pour des milliers d’insectes.

 

Enfin nous arrivâmes dans une clairière où se trouvaient trois cabanons en bois assez rudimentaires. Deux femmes d’âge mûr au regard fixe nous y attendaient déjà. Leur regard dissimulait à peine la terreur que notre apparence leur inspirait, mais elles avaient reçu l’ordre de ne pas paniquer et de rester accueillantes. Nous détaillant pour la première fois, leurs yeux voyaient en nous des géants au teint blafard et au regard abîmé par tant de fatigue. J’étais en effet moi-même à peine conscient de la situation. L’une d’elles vint à moi avec un sourire maternel et pris délicatement mon bras de ses deux mains lourdes. Je reconnus en elle une mère et une initiatrice. J’entrai dans l’une des cabanes et m’affalai littéralement sur une natte de longues feuilles admirablement tressées. Le travail était complexe, conférant à son ensemble un fini épais et moelleux.

 

 

Ganji Anankea

Extrait de l'oeuvre channeling reccueillie par voix médiumnique Les Fils de l'Aurore

Oeuvre complète disponible en téléchargement gratuit sur www.tarot-ganji-medium.com rubrique "téléchargements"

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