top of page

La douceur de cet enfant était si émouvante. Je savais pourtant qu’il avait été tué. Curieusement, de ce monstrueux événement,

il ne subsistait aucune colère en lui. Il avait chassé toute haine et abandonné toute soif de vengeance. Manifestement il me connaissait, éprouvait mon cœur et s’exprimait à travers lui.  Assis paisiblement, il était à présent tout près de moi, il m’écoutait pleinement et observait mon âme respirer. Plus j’acceptais son étrange présence, plus mon être profond jubilait et émergeait avec force. C’est avec une voix candide que je l’interrogeais sur le pourquoi de tout ceci. Avec une certaine gravité, non dénuée de compassion, il me répondit en adulte qu’il ne fallait pas chercher de sens. S’en suivit un silence religieux qui me plongea dans son regard. Je m’y vis parcourir un désert pour finalement trôner, le regard immobile et digne. Celle qui deviendrait ma femme s’avançait vers moi. L’étoffe dense de son corps était faite d’étoiles, pur et parfait reflet de l’univers, qui laissait éclater des yeux incandescents. J’observais ses centres d’énergies briller de mille feux, pareils à des constellations, et ses bras levés au ciel dessinaient des cercles autour de son corps, desquels se répandait une poudre de soleils. Puis, la voûte céleste déversa des poussières d’étoiles sur ce désert luisant. Ces éclats infimes s’enfoncèrent dans le sable et disparurent délicatement. Equilibre et harmonie. Simplicité et cohérence. Science et beauté. Tous ces aspects fusionnèrent naturellement en cet instant unique. Avant de disparaitre, ma promise me présenta le trône sur lequel jouait l’enfant. Il s’y posa nonchalamment, prenant un petit air sérieux emprunt de sagesse, et me regarda avec une expression grave. Aspiré par son regard, je traversai ses yeux qui me menèrent dans les coulisses du monde, face au même décor mais cette fois-ci statique, vide de vie et d’amour. Les dunes, la lune, les étoiles, tous ces éléments étaient à leur place. La lumière était faible mais nimbait suffisamment les formes pour que je puisse les distinguer. C’était une nuit ordinaire, des plus communes. Soudain j’entendis un râle, si long, si ample, si présent que tout mon être en fut profondément imprégné. Une voix lourde faisait vibrer ce monde et hantait ce décor sans vie. Des martellements métalliques, des cris, une foule, des bruits de machines, tout s’agita autour de moi et pourtant je ne distinguais toujours rien. Rien, si ce n’était ces bruits et leur échos lointains.

 

Enfin, j’aperçus au loin des milliers d’êtres recroquevillés, chauves et nus, aux corps livides, ramassés les uns contre les autres, se lamentant, se plaignant, seuls et pourtant si nombreux. Si terriblement seuls ! A cet instant, tous me virent et, soumis par une force commune, me désirèrent. Les bruits cessèrent ; un silence absolu s’imposa. Ces milliers de têtes et de petits regards noirs pointaient dans ma direction. Je sentais leur faim grandir. J’étais plein d’une énergie dont ils avaient sauvagement besoin. Mais l’enfant prit ma main et me tira de ces limbes. Fuyant ce cauchemar, nous avançâmes parmi un épouvantable parterre de corps nus et décharnés, contraint de leur marcher dessus. Mais loin de les meurtrir, nos pas étaient pour eux une bénédiction et une jouissance. Ils ne souffraient pas, bien au contraire ils en redemandaient.

 

 

Ganji Anankea

Extrait de l'oeuvre channeling reccueillie par voix médiumnique Les Fils de l'Aurore

Oeuvre complète disponible en téléchargement gratuit sur www.tarot-ganji-medium.com rubrique "téléchargements"

 

bottom of page