Au cœur de la pyramide où je suis demeuré tout ce temps, lentement, je reviens à moi. Assis sur le socle des Connaissances Eternelles, j’ai grandement voyagé dans le passé de l’Homme par mille visions. A présent, de gracieuses mélopées me caressent doucement, parfaits reflets de mes émotions. Le vaste espace vide et silencieux qui m’entoure est encore plein de ces mille sensations colorées qui ont donné vie à ce récit. La structure même de la pyramide d’Elham est un instrument de musique, réceptacle de la mélodie universelle. Dans ce vaste espace où la Très Chère Intention prend forme et me nourrit, je continue d’exprimer ce don divin de tout mon être.

 

Ainsi je revois le déclin de la belle Alliance, l’esprit d’Ea offusqué, sa Lumière ternie par tant de trahisons, de mensonges et de violences. Ses très saintes larmes pleuvant abondamment sur la Cité et mes compatriotes piétinant avec indifférence sa peine. Face aux incessantes provocations des forces parasites, l’accord de paix se désagrégea rapidement, laissant apparaitre un monde désincarné et meurtri, privé de toute énergie intelligente. Rien n’arrêta le processus de création de l’humain, mis en place à grande échelle par les hauts dignitaires scientifiques, l’Ordre du Serpent de l’Equinoxe. Mais loin de s’avouer vaincue, Ea chercha par tous les moyens à conférer de la dignité à ce pur instrument, créé de toute pièce. Bien des fois elle envoya sur Terre des individus éclairés par sa Science pour tenter de redresser cet hominidé, abattu par son obscur destin. Scientifiques, politiciens, simples ouvriers ou membres du très haut Clergé, ces artisans de l’âme ne parvinrent jamais à déjouer l’antique tragédie de l’Homme moderne.

 

Aujourd’hui encore, la genèse tourmentée de cette espèce, gravée dans ses abysses, fait bien souvent irruption dans son présent. Ainsi sommeille en l’Homme tout un univers d’étrangetés qui se révèle dés que celui-ci affirme son besoin instinctif de pouvoir. Non sans raisons, il a de tout temps cherché à maîtriser ces forces par le biais d’une morale « saine », de pratiques religieuses, du travail, sauveur et rédempteur, de l’art, cathartique, s’acharnant à esthétiser et idéaliser la véritable beauté. Mais ces activités sont tout juste parvenues à dissimuler les atrocités qu’il tient captives dans l’ombre, celles qui se déchaînent au fond de ses entrailles et de son labyrinthe cérébral. Ce qu’il ignore, c’est qu’en dépit de son obstination à donner le change, ces forces trouvent toujours le moyen de s’exprimer. En réalité, elles gouvernent la destinée de bien des humains. Car tout ce dont l’Homme n’a pas conscience fait de lui ce qu’il est. Il rencontre chaque jour le monde avec ce passé honteux, dissimulé derrière un rideau de velours rouge. Sur scène, nous assistons au « Bourgeois gentil homme » mais les racines archaïques qui président à sa naissance sont belles et bien toujours vivantes.

 

Voilà qu’à présent nous touchons à la fibre existentielle de tout un chacun. Pour le contemporain, être sur scène est ce qui importe le plus. Chaque acte compte, il en va de sa crédibilité propre, absolument impérative. Aussi, il aspire ardemment à jouer son rôle le mieux possible, quoi qu’il en coûte, avant d’éteindre les lumières. Il y met toute sa hargne, une dose non négligeable de voracité et d’agressivité. Et parfois - ô comble de la gloire – il se voit décerner un prix qui l’inscrit enfin et définitivement dans les registres de l’histoire officielle. Est-il encore temps pour l’humanité de se poser la question sublime ; pourquoi toute cette comédie ?

 

 

Ganji Anankea

Extrait de l'oeuvre channeling reccueillie par voix médiumnique Les Fils de l'Aurore

Oeuvre complète disponible en téléchargement gratuit sur www.tarot-ganji-medium.com rubrique "téléchargements"